samedi 31 janvier 2015

Miettes de sang

Miettes de sang est le nouveau roman de Claire Favan paru le 21 Janvier 2015 aux éditions du Toucan Noir.

Présentation de l'éditeur :
Le lieutenant Dany Myers est officier de police dans une petite ville du Midwest américain. Son père y était commissaire et lorsqu’il a brutalement disparu, Dany a tout naturellement voulu prendre la relève. Mais cet « héritage » est encombrant et il est mal perçu de ses supérieurs. On lui confie plutôt les tâches subalternes et ses collègues gardent leurs distances.
Sa vie sentimentale n’est pas non plus une réussite, longue suite d’échecs et d’occasions manquées. C’est un homme seul et pessimiste.
Jusqu’à ce qu’il soit, par hasard, confronté à un bien étrange suicide que ses supérieurs veulent classer à tout prix et au plus vite.
Mais Dany a un défaut, il est têtu…

Deuxième roman que je lis de Claire Favan après le très bon Apnée Noire sorti l'an dernier. Cette fois nous rencontrons le lieutenant Dany Myers parachuté à son poste grâce à sa mère qui semble proche du maire de la ville. Le lieutenant Dany Myers n'est pas aimé de ses collègues ni de sa hiérarchie. Il est écrasé et son caractère effacé n'arrange rien. Même sa mère l'étouffe et se mêle de très près à sa vie professionnelle et sentimentale.
Vie sentimentale bien vide d'ailleurs ... il pourrait dire qu'il n'est pas puceau mais ce serait jouer sur les mots. Bien qu'il ait des vues depuis toujours sur la jolie serveuse, Beth, il n'arrive pas à engager ou continuer la conversation. Voici donc le portrait de notre héros. Il n'a pas les épaules pour l'être mais pourtant il va nous surprendre et nous allons apprendre à l'aimer.

Malgré qu'il soit maltraité par ses collègues et espionné par sa mère, Dany va s'accrocher et faire preuve d'un courage qu'on ne lui croyait pas capable dans le but de comprendre ces meurtres suivis du suicide d'anciens collègues de son père, anciennement capitaine de police. Et ce que le jeune lieutenant va découvrir en remuant le passé est tout simplement horrible.
Miettes de sang a ce côté addictif du page-turner. L'enquête est bien ficelée bien que j'ai eu des doutes assez rapidement qui se sont révélés avérés. En plus, Claire Favan nous offre un final détonnant et tout à fait en adéquation avec le reste du récit. Encore un très bon roman de cet auteur. Auteur à suivre de très près !

samedi 24 janvier 2015

Dernier jour sur terre

Dernier jour sur terre est un ouvrage de David Vann publié en septembre 2014 par Gallmeister.

Présentation de l'éditeur :
14 février 2008. Steve Kazmierczak, 27 ans, se rend armé à son université. Entre 15 h 04 et 15 h 07, il tue cinq personnes et en blesse dix-huit avant de se donner la mort. À 13 ans, David Vann reçoit en héritage les armes de son père, qui vient de mettre fin à ses jours. Quel itinéraire a suivi le premier avant de se faire l’auteur de ce massacre ? Quel parcours le second devra-t-il emprunter pour se libérer de cet héritage ? L’écrivain retrace ici  l’histoire de Kazmierczak, paria solitaire, comme tant d’autres. Comme lui par exemple qui, enfant, se consolait en imaginant supprimer ses voisins au Magnum.
 
Dans une mise en regard fascinante, l’auteur plonge dans la vie d’un tueur pour éclairer son propre passé, illuminant les coins obscurs de cette Amérique où l’on pallie ses faiblesses une arme à la main.
 
Dernier jour sur terre est à la fois une biographie de Steve Kazmierczak, tueur de masse à l'université Northern Illinois University, et une autobiographie qui permet à l'auteur de faire le parallèle entre son histoire et celle de Steve et de montrer au lecteur que la frontière entre les deux est assez mince. En apprenant quelques anecdotes sur la vie de David Vann, le lecteur peut également comprendre comment sont nés certains de ses romans et plus particulièrement Sukwann Island et Goat Mountain.

Après le suicide de mon père, j'ai hérité de toutes ses armes à feu. J'avais treize ans.

Steve a toujours eu de lourds problèmes psychiatriques mais il était un jeune homme intelligent et sensible. Malheureusement il a arrêté de nombreuses fois de prendre ses traitements et parfois la rechute était compliquée. Il s'est réfugié dans l'armée mais a vite été suspendu pour avoir caché son passé médical.
Il fait tout son possible pour étudier et ça fonctionne. Ses professeurs l'apprécient et il obtient même un Dean's Award. Il a l'air d'être un ami fidèle et sincère même si beaucoup le trouve 'étrange'. En effet, il a des sautes d'humeur assez fréquentes qui cachent en fait des troubles bipolaires.

personne ne signale qu'il puisse un jour risquer d'être un danger pour lui-même ou pour autrui, ils se contentent de le larguer là, comme le fait toujours l'armée

Dernier jour sur terre, The Last Day On Earth en anglais - référence à la chanson de Marilyn Manson écoutée et appréciée par Steve -, est, en plus de relater la vie de deux personnes, un brûlot envers l'Amérique.
L'Amérique des armes. L'Amérique qui autorise, voire incite les gens à acheter et porter des armes sur eux. L'Amérique qui a déjà connu plusieurs tueurs de masse et qui continue à laisser l'accès "libre" aux américains de se procurer des armes. Pour se défendre évidemment.
David Vann n'épargne pas non plus les médias que l'on voit assoiffés tels des vampires par les interviews et les détails croustillants sans en vérifier la véracité.

Acheter un Glock 19, quelques chargeurs supplémentaires, entrer dans une salle de classe et tirer sur les gens. Nous n'avons encore rien mis en place pour empêcher quelqu'un de commettre un tel acte. C'est un droit américain.
 
Passer du passé de David Vann à l'histoire de Steve à chaque nouveau chapitre perturbe et montre jusqu'à quel point leurs histoires sont proches. Bien qu'il n'ait aucun problème psychiatrique, David Vann était à la limite de craquer et d'appuyer sur la gâchette. Le choc du suicide de son père l'a fragilisé psychologiquement et l'héritage qu'il a reçu de celui-ci n'était vraiment pas des plus appropriés pour un adolescent.
Dernier jour sur terre est passionnant par son analyse et l'enquête qui a été menée sur Steve Kazmierczak. David Vann signe un nouvel ouvrage bouleversant, vivement que je lise Goat Mountain.
 
je vois des panneaux  en bordure de route qui affirment : LES ARMES SAUVENT DES VIES

lundi 12 janvier 2015

Peur sur le vatican

Peur sur le Vatican est un roman à suspense de Jean-Louis Baroux aux éditions L'Archipel.

Présentation de l'éditeur :
Avril 1945 : Himmler fait immerger une caisse de lingots d’or dans un lac suisse et donne ordre que les témoins de l’opération soient exécutés. Goering, de son côté, a fait inscrire les coordonnées du lieu dans un coin de la Transfiguration, le célèbre tableau de Raphaël. Mais le secret a également été transmis à un certain Dorf par l’un des seuls survivants de l’opération.
Plus de soixante ans après les faits, des néo-nazis vivant en Argentine décident de remettre la main sur le trésor. A la tête d’un gang, un ex-pilote de ligne et militant catholique intégriste prend en otage les dirigeants des plus grandes compagnies aériennes mondiales réunies au Cannes Aircraft Forum. Il menace de précipiter l’avion bourré d’explosifs et ses passagers sur le Saint-Siège si ses exigences ne sont pas satisfaites…
De Berlin en ruines aux ors du Vatican, un thriller courant sur six décennies qui met en scène les réseaux de l’Opus Dei et les combats à coup de milliards auxquels se livrent aujourd’hui les dirigeants des grandes compagnies aériennes.

Bien que le titre fasse penser à une série B ou un nanar sans scénario, le roman est pourtant plutôt bon. Certes je lui ai trouvé quelques défauts mais certains passages sont de qualité. Notamment dans la première partie qui nous relate certains faits de la seconde guerre mondiale sur les trésors cachés des nazis. Cette partie est passionnante et instructive. Autant sur la quantité des trésors que sur la relation entre les différents dirigeants SS.

Par contre, la seconde partie est moins entrainante alors que, pourtant, elle devrait l'être plus avec la prise d'otages spectaculaire. On devrait être pris aux tripes suite aux évènements mais malheureusement la sauce ne prend pas vraiment. Et je pense que cela est dû à des personnages peu convaincants. Aucun d'entre eux, si ce n'est le grand père ex-nazi, ne m'a touché. Je n'ai pas réussi une seule fois à me projeter dans l'histoire et donc à vivre pleinement l'aventure.

Malgré cela le roman se lit bien du début à la fin et les précisions et connaissances sur le domaine aérien sont captivantes. A savoir que l'auteur est un expert en la matière : il "fonde en 1983 Air Promotion Group qui deviendra le leader français dans la représentation de compagnies aériennes. En 1991, il crée APG Global Associates, premier réseau mondial de services commerciaux pour le transport aérien." (source L'Archipel)

Le sujet traité - la prise d'otage - de mon premier roman de la nouvelle année n'est pas sans rappeler les évènements catastrophiques et inhumains de ces derniers jours. Continuons de lire et d'écrire, laissons parler notre imagination, c'est l'une des meilleures armes pour savoir se forger une opinion et pour lutter contre l'inculture. Je salue Charlie pour son talent, son audace, son humour et sa liberté d'expression.