lundi 25 avril 2011

Les ombres silencieuses

Les ombres silencieuses est un roman policier de la suédoise Mari Jungstedt. Ce polar est sélectionné pour le prix des lecteurs du Livre de Poche 2011.

Présentation de l'éditeur :
Un matin brumeux sur l'île de Gotland. Le corps massacré d'un photographe marginal a été retrouvé dans sa cave. Le commissaire Knutas, encore marqué par la série de crimes de l'année précédente, croit d'abord à une querelle d'ivrognes qui aurait mal tournée. Il ignore qu'il vient de soulever le voile d'une sombre affaire. Non loin de là, la jeune Fanny, livrée à elle-même, est la proie d'un homme mûr et respecté de tous.
Dans le huit clos de l'île, Knutas se fraie un chemin entre les ombres silencieuses. Ses soupçons vont le mener là où il n'aurait jamais cru trouver l'horreur : juste à côté de lui.

Des ombres à l'odeur de schnaps, des mensonges quotidiens et un silence pesant qui en dit pourtant long sur les souffrances improbables de l'île de Gotland. Comment deux crimes si différents peuvent-ils être relier ? L'auteure nous entraîne dans le temps et nous conte l'histoire de plusieurs personnages suédois qui se rencontrent à un moment donné par un évènement dramatique.
Pourvu d'une excellente narration, Les ombres silencieuses arrive à captiver son lecteur assez aisément et le mène dans des scènes de vie importantes pour les différents protagonistes. Malheureusement, toutes n'ont pas une fin ou ne semble même pas servir le roman d'une quelconque manière.

Elle était là, aux yeux de tous, mais personne ne l'avait vue.

Malgré un rythme soutenu, des personnages charismatiques et une histoire incontestablement intrigante, la fin est terriblement décevante. Faut-il suivre toutes les aventures de l'enquêteur pour comprendre où vont finir certaines histoires ? Si oui, il est indéniable que ce roman ne peut pas se lire détaché de sa série. Quel dommage pour moi qui ai commencé par le second tome...

Le jeu de l'ombre

Le jeu de l'ombre est le nouveau roman de Sire Cédric, jeune auteur de thrillers et romans d'horreur.

Présentation de l'éditeur :
Mais que pouvait bien chercher Malko Swann cette nuit-là ? Une overdose d'adrénaline, la sensation ultime, le sentiment de liberté ? Pourquoi roulait-il aussi vite en pleine nuit sur une route de campagne étroite et sinueuse jusqu'à faire une chute de trente mètres en bas du pont du Diable ?
Atteint d'un traumatisme inexplicable, le musicien est désormais incapable d'entendre la musique. Mais il ne s'agit que du début de sa déchéance. Dans l'ombre, quelqu'un l'observe... quelqu'un qui veut jouer avec lui. Un jeu au goût de sang... Il s'engage alors dans un combat désespéré.
L'art singulier du suspense de Sire Cédric, sa fascination du vertige et son plaisir manifeste à manipuler le lecteur donnent à ce roman une saveur particulière : l'envie de sympathiser, le temps d'un livre, avec ceux qui sont tombés dans l'obscurité du mal.

Ne connaissant l'auteur que de réputation, l'idée que je m'en étais faite est entièrement confirmée. Sire Cédric est un conteur à l'atmosphère gothique et fantastique. Ce polar n'échappe pas à la règle. L'auteur ne se détourne pas de son image et lui donne un environnement totalement mystérieux et à la limite du surnaturel.
L'auteur revisite le mythe de Faust en associant la passion pour la musique de Malko à des phénomènes dramatiques. Il semble qu'une ombre ait passé un pacte avec le diable pour jouer avec Malko, sa petite souris qui doit accomplir d'horribles tâches à son insu. Le rapprochement avec Faust n'est pas anodin car le nom de famille de Malko, Swann, renvoie directement au sublime film de Brian de Palma traitant légèrement du même sujet de fond : Phantom of the paradise.

Sire Cédric n'a pas d'égal dans son domaine. Il allie fantastique et policier avec brio et use d'une plume délicate. Son roman se lit d'une traite. Petit bémol pour ma part concernant la fin légèrement trop rapide à mon goût mais qui n'empêche en rien d'apprécier le récit dans son ensemble.
Sans avoir été totalement conquis par le roman de l'auteur, j'ai été stupéfié par l'originalité du style et sa capacité à échapper aux clichés des romans 'gothiques' de la jeune génération. Le jeu de l'ombre est une sorte d'opéra gothique littéraire et se démarque des autres genres par sa maturité affirmée.
Un très bon moment de lecture !

mardi 19 avril 2011

Faute de preuves

Faute de preuves est le dernier roman d'Harlan Coben édité en France à ce jour.

Présentation de l'éditeur :
Pourriez-vous pardonner à ceux qui ont brisé votre vie ? Plus machiavélique que jamais, Harlan Coben nous entraîne au coeur d'une effroyable machination.
Journaliste dans une émission de télé-réalité, Wendy piège en direct les prédateurs sexuels. Sa dernière prise, Dan Mercer, un éducateur pour adolescentes : tout l'accable, on le soupçonne même de meurtre.
Mais les preuves font défaut. Wendy le sent bien, quelque chose ne tourne pas rond. Et si elle avait été manipulée ? Si Dan était innocent ?
La jeune femme va alors se pencher sur le passé de Dan, ses années d'étudiant à Princeton, ses quatre amis inséparables... Des amis avec qui il a tout partagé, même le pire...
Secrets, disparitions, complots, cabales sur le net, confréries malfaisantes, vengeance... Un concentré d'adrénaline pour le tout nouveau thriller du maître de nos nuits blanches.


Harlan Coben a écrit du bon et du mauvais, du très bon parfois, et à présent du très mauvais. Même si on sait d'avance qu'on va avoir le droit à une histoire tirée par les cheveux, on se plait de se savoir pris dans l'intrigue et le dénouement nous surprend bien des fois. Avec Faute de preuves, Harlan Coben n'arrive pas à retrouver le niveau de ses meilleurs romans. Pire, il use d'une écriture bien trop simple et noie son intrigue sous de fausses morales. En comparaison cinématographique, on assiste plus à un mauvais téléfilm américain qu'à un bon film à suspense sur grand écran.
L'auteur rentre dans les clichés et semble copier son propre style sans jamais l'égaler. Coben veut faire du Coben mais passe totalement à côté de la plaque.

Qu'auriez-vous fait ?

L'auteur pose de nombreuses questions d'ordre moral. Doit-on faire justice soi-même ? A quel point le voyeurisme télévisuel a t-il une incidence sur la vie des gens ? Les émissions de télévision n'incitent-elles pas notre opinion à suivre la même que les leurs ? La justice est-elle infaillible ? Autant de stéréotypes à la sauce américaine que l'on peut lire ou regarder sur notre téléviseur tous les jours.
Fausse note en cours de route ou début de la fin de l'imagination de l'auteur ? Attendons les titres suivants pour conclure. Petite note positive pour les amateurs de l'auteur, on retrouve un personnage bien connu de ses romans ... A vous de trouver de qui il s'agit !

lundi 11 avril 2011

Les Gardiens de l'obscur

Les gardiens de l'obscur est le premier roman du duo Matthieu Bernard et Sarah Carlier.

Présentation de l'éditeur :
Qui est Ninsuna d'Uruk ? Et qu'a-t-elle bien pu graver de si précieux il y a 4700 ans sur une tablette d'argile ?
Retrouver cette tablette, voilà pourtant l'enjeu d'un concours sur le web auquel participe Pierre, un ex-flic à la dérive et Salomé, une interprète baroudeuse qu'il n'a jamais vue.
Leur enquête progresse peu, jusqu'au jour où ce qui devait être un simple rendez-vous de documentation avec l'un des conservateurs du Louvre se transforme en cauchemar : en arrivant chez le scientifique, Salomé découvre deux cadavres à moitié décomposés et au même instant, un homme surgit et tente de l'abattre. Grâce à Pierre, elle parvient miraculeusement à s'échapper mais les tueurs sont désormais à ses trousses.
Entre Paris, Berlin et Bagdad, commence alors pour Pierre et Salomé une enquête autrement plus dangereuse qu'un jeu sur le web, à la poursuite d'un objet qui pourrait révéler l'un des plus vieux secrets de l'humanité.

Sarah Carlier est psychologue clinicienne, Matthieu Bernard est auteur pour le cinéma et la télévision.Écrit à quatre mains, Les Gardiens de l'obscur est le premier roman de ces deux auteurs passionnés d'histoire.

Ne passons pas par quatre chemins, Les Gardiens de l'obscur est un roman totalement réussi. Réussi sur tous les plans. Ce thriller historique a la particularité d'allier à merveille le rythme à la connaissance. Sous des airs de polar façon Da Vinci Code, Les Gardiens de l'obscur surpasse celui-ci en offrant de véritables personnages et en partageant, sans jamais lassé son lecteur, ses lumières sur l'assyriologie.
De guerre divine des sexes aux guerres intérieures que mènent les Hommes, la trame ne cesse d'évoluer au fil des pages et de se bonifier sans jamais déraper. L'écriture est fluide et agréable à lire ... bref Les Gardiens de l'obscur n'a que très peu de défauts.

Bientôt, les hommes auront si peur du féminin en eux et hors d'eux qu'ils n'auront de cesse de l'écraser et de chercher par tous les moyens à contrôler les femmes et à les asservir. Les épouser ne reviendra plus qu'à prendre possession d'elles comme on s'empare d'un bien.

Intéressant, intriguant, entraînant ... nombreux sont les participes présent qui permettent de décrire mon ressenti sur ce roman. On peut regretter que les auteurs n'aient pas choisi de réaliser une trilogie de cette histoire car il manque, à mon sens, certains passages qui auraient pu être croustillants. Le découpage des chapitres est astucieux mais j'aurais apprécié un peu plus de longueurs, de descriptions, sur la mise en scène historique de l'histoire.
Les Gardiens de l'obscur n'a pas été écrit dans le seul but de scénariser une partie de notre histoire mais le roman divulgue même un message sur l'humanité. Lequel ? A vous de le lire.

mardi 5 avril 2011

L'annonce faite à Amber

L'annonce faite à Amber est le premier roman de Caroline Rebstock, édité aux éditions Odile Jacob.

Présentation de l'éditeur :
Qui veut la peau d'Amber Materson ? Pourquoi, soudain, s'intéresse-t-on tant à cette jeune femme qui consacre le plus clair de son temps aux animaux périssant d'ennui dans les parcs zoologiques ?
C'est qu'Amber est un cas médical rare : alors qu'elle n'était qu'une enfant, elle a guéri spontanément d'une leucémie aiguë. Un miracle ? Non. Il semble néanmoins que le sang d'Amber possède certaines particularités.
Il aura suffit qu'un article dans une prestigieuse revue scientifique en fasse état pour que tout ce que la société compte de médecins à l'éthique douteuse, de chasseurs de miracle et de journalistes peu scrupuleux tente de faire main basse sur cet eldorado biologique. Et de profiter, chacun à sa manière, d'une part de butin.
La traque vient tout juste de commencer...
Un thriller qui nous plonge dans un monde où les progrès de la science ont fait muter les prédateurs. Les proies aussi.

Sujet délicat pour un premier roman mais sujet maîtrisé malgré de nombreux défauts. Les cellules souches ont tout pour plaire dans un roman à suspense, surtout que l'auteure s'est plutôt bien renseignée sur le sujet. Forte d'une documentation solide et pointue, Caroline Rebstock peut facilement s'aventurer dans une histoire de meurtre, d'enlèvement ou de faux-semblant.
Malheureusement l'intrigue se voit faiblir à petit feu. Alors que le premier chapitre nous donne l'espoir d'un roman à rebondissement et rythmé, le récit s’essouffle au fil des pages. J'ai vite perdu tout intérêt pour les personnages et même pour l'intrigue. Difficile donc de rentrer pleinement dans l'histoire ...

Les cellules souches embryonnaires sont capables de se diriger vers n'importe quel destin cellulaire, une fois intégrées à un nouvel organisme.

A défaut de ne pas savoir maîtriser une intrigue de polar, Caroline Rebstock démontre tout de même certaines qualités d'écrivaine. Son style est agréable même s'il n'est pas adapté à ce type de fiction. Son vocabulaire est riche et varié. Toutefois la masse de documents (bien qu'intéressante) alourdit péniblement le rythme et casse même cet élan propre au thriller qui nous donne l'envie de tourner les pages sans s'arrêter.
L'annonce faite à Amber veut, comme son titre semble l'indiquer, placer son héroïne en tant que Sainte moderne mais son côté naïve la rend trop caricaturale à mes yeux et m'a fait perdre toute sympathie envers elle. L'annonce faite à Amber est un premier roman à prendre avec ses qualités et ses défauts mais l'orientation vers le polar me semble un peu mal choisi.

samedi 2 avril 2011

Manhattan Freud

Manhattan Freud est le premier roman de Luc Bossi. Ce roman est sélectionné pour le prix des lecteurs du Livre de Poche 2011.

Présentation de l'éditeur :
En 1909, la notoriété de Freud est déjà immense. Il ne lui reste qu’à conquérir l’Amérique. Mais à New York l’attend le plus grand défi de sa carrière : déchiffrer l’âme d’un mystérieux tueur en série et réussir là où la police a échoué…

Manhattan Freud est un petit chef-d’œuvre. Chaque phrase a la saveur délicate d’une tasse de thé, chaque crime la morsure acide d’un coup de poignard. Bossi manie la plume comme Jack l’Éventreur le scalpel. Et il soigne son humour comme Brummel son nœud de cravate. J’adore ! Jean-Christophe Grangé.

Ce thriller psychanalytique est une réussite. Claire Lesegretain, La Croix.

Véritable thriller psychanalytique comme l'a signalé Claire Lesegretain, Manhattan Freud surprend à jouer sur plusieurs tableaux à la fois. A la fois roman historique plaçant l'intrigue au début du siècle dernier et à la fois roman à énigme, Manhattan Freud a l'originalité et la prétention d'utiliser le célèbre psychanalyste Sigmund Freud en tant que détective malgré lui.
Utiliser Freud en tant que personnage principal, c'est se heurter aux analyses du père de la psychanalyse. Dès lors, deux choix sont possible pour Luc Bossi : utiliser Freud comme personnage lambda ou bien pousser le personnage à devenir le plus précisément possible l'homme qu'il a été en restant fidèle à son caractère et à son histoire. C'est cette dernière option qu'a choisi de suivre l'auteur. Et malgré tout la difficulté de redonner vie à ce type de personnage, Luc Bossi s'en sort à merveille et nous livre même quelques passages succulents.

Quelque part, une force malfaisante le défiait. Elle cherchait à le sortir de son élément, à le pousser dans des situations où il se retrouvait complètement impuissant.

Utilisant les plus célèbres ouvrages de Freud, et notamment L'interprétation des rêves, l'auteur met en place des situations qui semblent à nos yeux totalement farfelues et où seule la psychanalyse paraît être le meilleur remède pour en guérir. Luc Bossi captive son lecteur en lui présentant une intelligente mise en scène sous un rythme qui ne cesse de s'accélérer.
Manhattan Freud est une très bonne surprise qui se laisse savourer très facilement. Luc Bossi signe un roman original et intelligent.